LES FEMMES DU PALAIS

Portraits de femmes résidentes du Palais de la Femme

Photographies accompagnées des textes des femmes (écrits avec l’aide de l’écrivaine Lou Sarabadzic).
EXPOSITION présentée à l’occasion de la Journée Internationale de la Femme - Palais de la Femme à Paris 11e - 8 mars 2019
et dans le cadre du Festival OFF des Promenades photographiques de Vendôme - Juillet-Septembre 2020.

J’ai eu l’occasion de rencontrer les femmes du Palais de la Femme lors d’un reportage au long cours réalisé dans cette institution de l’Armée du Salut, située à Paris onzième. Depuis quasiment un siècle, cette résidence sociale accueille des personnes en grande difficulté à un moment de leur vie. Elles y trouvent refuge pour un séjour plus ou moins long, certaines le temps de se reconstruire pour mieux repartir,  d’autres pour échapper à une précarité inéluctable.
Pendant plus d’un an, j’ai pu approcher cette réalité de notre temps. Quelques mois plus tard, on m’a demandé de réaliser des portraits de quelques-unes de ces femmes qui voulaient témoigner et exprimer leurs sentiments sur leur propre condition ou celle de la femme dans le monde.
Elles ont ainsi pris la parole.

Thérèse
Engagée contre la guerre
Claudine
Grande lectrice
Amandine
Prête pour le changement
Marie-Thérèse
Comédienne
Karima
Future restauratrice
Hawa
Militante pour les droits des femmes
Chérif
 Révoltée par la violence
Oumou
Veut s’occuper d’enfants
Ana
Passionnée de lecture et d’écriture
Thérèse
Engagée contre la guerre
Claudine
Grande lectrice
Amandine
Prête pour le changement
Marie-Thérèse
Comédienne
Karima
Future restauratrice
Hawa
Militante pour les droits des femmes
Chérif
 Révoltée par la violence
Oumou
Veut s’occuper d’enfants
Ana
Passionnée de lecture et d’écriture
Thérèse
Engagée contre la guerre
Claudine
Grande lectrice
Amandine
Prête pour le changement
Marie-Thérèse
Comédienne
Karima
Future restauratrice
Hawa
Militante pour les droits des femmes
Chérif
 Révoltée par la violence
Oumou
Veut s’occuper d’enfants
Ana
Passionnée de lecture et d’écriture

Thérèse

Engagée contre la guerre

« Nous, femmes camerounaises, vivons dans la peur. Tous les jours, on a peur d’apprendre qu’une cousine, une sœur, une tante, a été violée… Cette panique quotidienne est invivable. » Le jour de notre rencontre, Thérèse arrive avec un texte qu’elle a pris le temps de préparer avant notre échange. Avec des mots puissants et forts, elle veut lancer un cri d’alarme : « Nous, femmes camerounaises, avons mal et en avons marre d’être relayées au second plan. Marre d’une guerre qui sévit au nord et au sud-ouest du Cameroun, qui tue, viole, prend en otages nos enfants, nos frères, nos maris civils et militaires, marre d’une guerre quia fait de nous des réfugiées, des émigrantes clandestines, des employées de basse échelle, des sous scolarisées et des non scolarisées. Notre force vient du fait que le Cameroun, face à cette adversité, reste un pays uni et indivisible dans sa diversité. »

La détermination de Thérèse envoie valser la pesanteur du monde, surtout quand elle nous rappelle qu’il faut garder espoir, car sans lui, la vie n’a plus de sens. Elle nous encourage à puiser au plus profond de nous-mêmes pour trouver cette force-là de croire qu’il est possible de construire un monde meilleur. Pour les femmes, elle sait que c’est encore plus difficile, car « les femmes, c’est nous qui mettons au monde tous ces gens qui se tuent. »

Voir la représentation internationale de son propre pays être vandalisée est terrible, ça a été le cas récemment à Paris à l’ambassade du Cameroun. C’est tous les gens qui ont besoin de ses services qui voient leurs vies bouleversées, puisqu’ils attendent des papiers, une réponse importante, un rendez-vous de longue date. Comme le résume Thérèse, « ça met la peur au cœur. »

Tout le monde subit une guerre : les innocents tués, les artistes empêchés de voyager, les familles ravagées par un deuil. Et pour les femmes, la douleur de perdre un enfant, qui est incomparable et qui ne s’efface pas.

Thérèse rêve d’un monde sans guerre.

Cameroun- France


Claudine

Grande lectrice

Claudine a eu une vie très dure, au niveau familial notamment, et comme elle le dit, « ça casse ça. Des rêves, je n’en ai pas beaucoup. J’ai arrêté de rêver. »

À défaut de rêves, Claudine enchaîne les lectures. Lire est son activité principale. En ce moment, elle lit un essai politique sur Macron, Le Président des ultra-riches, de Michel Pinçon et Monique Pinçon-Charlot (éditions La Découverte, 2019). Elle sort le livre de son sac, le pose sur la table, et m’assure :« ça remet les pendules à l’heure ! Toutes les petites phrases qu’il a dites sur les pauvres, ce n’étaient pas des erreurs, il savait très bien ce qu’il disait. Il blesse beaucoup les gens, comme font les gens très riches. »

L’inégalité des richesses, qui la choque profondément, revient constamment dans les mots de Claudine : « Quand on voit les sommes d’argent qu’il y a dans certains endroits, c’est inadmissible. » Pour elle, la pauvreté est voulue et entretenue en tant que système politique : « c’est tout le système qui est pensé comme ça. Les pauvres, c’est une manière de dire à ceux qui ont un peu plus d’argent qu’eux aussi pourraient se retrouver à la rue. Ils servent à ça. Il ne faut pas grand-chose pour se retrouver à la rue. C’est pour ça qu’on ne fait rien. » Cette analyse, elle l’a élaborée à force de lectures, et en entendant les hommes politiques, « la grande hypocrisie ».

Parmi ses livres préférées, elle cite ceux de Charlotte Delbo, une résistante qui a passé plus de deux ans dans des camps de concentration pendant la Seconde Guerre mondiale. Claudine aime son regard, sa vision sur la société. Elle admire sa vision globale des choses : « elle ne se plaint pas mais décrit ce qui s’est vraiment passé. Elle nous éduque. » Claudine aime les livres d’histoires, de vécu, tous ces livres qui lui apprennent quelque chose.

France


Amandine

Prête pour le changement

Amandine croit en l’indépendance : « "le premier mari d’une femme, c’est son travail", disait ma grand-mère ». Sur cette route, toutefois, il faut faire face à bien des obstacles.

Petite,Amandine adorait monter aux arbres, mais sa mère la grondait :« monter aux arbres, c’est réservé aux garçons ».Elle trouvait ça injuste, mais en Afrique, les enfants ne doivent pas répondre aux adultes… Quelques années plus tard, quand il fallait aider à la récolte des avocats, sa grand-mère était en fait bien contente qu’Amandine sache monter aux arbres ! Elle pouvait aller chercher les fruits mûrs, qui pouvaient ensuite être vendus pour leur permettre de gagner leur vie. Ce lien émancipateur qu’elle a tissé avec sa grand-mère compte profondément pourAmandine : « C’est ma grand-mère qui m’a expliqué la sexualité. Elle affichait un calendrier et j’y marquais le début et la fin de mes règles, elle m’aidait vraiment à maîtriser mon cycle. On parlait vraiment de tout, sans tabous. Comme ma mère l’a fait avec ma grande sœur et ma cousine. » Elle remarque que les hommes devraient eux aussi être sensibilisés à ces questions, à la contraception. Sinon, c’est un fardeau que la femme porte seule. « Les garçons mettent la pression aux filles, mais sans se poser la question de l’IVG… »

Quand Amandine aborde le domaine de l’égalité hommes-femmes, elle a beaucoup à dire et multiplie les exemples. C’est que « le sujet est vaste », ça ne fait aucun doute pour elle. Elle ne comprend pas, par exemple, les inégalités de traitement au sein même de sa religion : « chez les chrétiens, une femme peut présider la messe mais elle n’accomplira pas tous les gestes. Pourquoi ? Je ne vois pas la différence entre elle et un homme ! » Elle sait aussi les ravages que provoque l’intériorisation du sexisme : « On a tellement dit aux femmes qu’elles étaient faibles que certaines maintenant y ont cru, alors que les femmes sont fortes. Psychiquement, les femmes gardent leur sang-froid plus facilement que les hommes. » À cet égard, pour Amandine, les amies nous aident à croire en nous, elles nous conseillent beaucoup, « et pas en tant que victimes ou en tant que faibles, mais pour se surpasser ».

Amandine sait le rôle primordial que jouent les femmes dans l’éducation des enfants. À ce sujet, elle fait part de ses observations :« En France, je n’ai pas vu autant de différence qu’en Afrique, où il y a plus de tabous. Ici, les gens font moitié-moitié, les enfants ne sont pas juste à la charge de la mère. Je vois régulièrement des hommes qui accompagnent les enfants à l’école, aux activités. En Afrique on est plus macho. Ce qui fait que les enfants sont plus attachés à leur mère, car c’est auprès d’elle qu’ils passent leur temps. » Dans sa famille à elle, elle prône l’égalité : « Je dis à mon fils, Christ-vie, qu’il est l’égal d’une petite fille. Et je n’aimerais pas avoir un compagnon qui me domine. » 

Cameroun 


Marie-Thérèse

Comédienne

Le trac de la scène, Marie-Thérèse connaît bien. Même après treize ans d’expérience, elle continue de ressentir une certaine angoisse avant de monter sur les planches. Mais une fois qu’elle est sur scène, là, aucun problème ! Elle se sent à l’aise et s’amuse énormément. Le théâtre l’a aidée à prendre confiance en elle. D’abord pour la diction, car on lui a appris à parler moins vite, à prendre le temps de dire les choses. C’est quelque chose qu’elle aime, et qu’elle est fière d’avoir appris. Au point qu’il est difficile de la maintenir hors de scène ! Une fois, alors qu’elle était vraiment malade, la metteuse en scène lui a dit de rester dans les loges. C’était hors de question pour Marie-Thérèse, qui est montée sur scène malgré tout, s’est donnée à fond et a offert une superbe performance !

Surtout, elle aime les grandes tournées qu’ils font pour le théâtre. À Nice, après une représentation, la troupe a fait une fête :« c’était mon anniversaire et on m’a offert de trop beaux cadeaux : un sac à dos, des jeux de grattage, j’ai même gagné 150 euros ! » Au théâtre, on se fait de chouettes amis, et puis il y a son fils Geoffrey, qu’elle adore, qui fait du théâtre avec elle tous les mardis. Une passion qu’ils partagent et un rendez-vous qu’ils ne louperaient pour rien au monde.

Dans la famille, Marie-Thérèse a aussi vécu la douleur. Elle a perdu une fille qui n’avait que cinq mois et demi. Ça a été une épreuve terrible. Et puis, elle qui a connu plusieurs fois la violence conjugale, avec différents partenaires, voudrait qu’on fasse davantage pour lutter contre ça. « Une fois un de mes ex, un alcoolique, m’a frappé devant mon fils. Alors j’ai dit "dégage" ! Et puis un copain, une tête de naze, quand il n’avait pas sa drogue, il me tapait. J’ai dit : "Stop, on arrête là, reste avec ta drogue et puis c’est bon." Dix ans après, il me cherche encore, mais moi je lui dis : "va te faire foutre ! Mets tes yeux ailleurs ! "Il m’aime encore, mais moi, je l’emmerde !" »

Trop de femmes meurent sous les coups de leurs conjoints. PourMarie-Thérèse, « il faut arrêter ces horreurs. On ne voit que ça à la télé. On ne fait pas assez, et après on retrouve des femmes kidnappées au fond d’un lac. Moi, ce que je veux dire à ces hommes, c’est : "Arrêtez de taper votre femme, quittez-la !" Et puis les voisins devraient appeler la police. Si vous entendez quelque chose, si vous entendez un homme battre sa femme, appelez la police. »

France


Karima

Future restauratrice

Karima a toujours été convaincue d’une chose, et elle en parle avec passion : c’est qu’une femme devrait avoir les mêmes droits qu’un homme, et ce partout dans le monde. Pour elle, cela a toujours été une évidence. Fille préférée de son père, elle a pu compter sur son soutien à lui pour gagner sa propre liberté : sortir, porter des pantalons comme les garçons… Mais ses frères, plus fermés, voulaient lui imposer une conduite, des règles. Or Karima n’est pas quelqu’un à qui on donne des ordres.

Plus tard, dans le salon de coiffure où elle travaille en Kabylie, elle le remarque à chaque fois : ces hommes pour qui les femmes sont venues se faire belles ne les rendent pas heureuses. Karima veut être heureuse, et faire comme elle l’entend. Elle vient donc en France, car elle aime ce pays et que « la France, c’est la terre de tout le monde, il n’y a écrit le nom de personne dessus ! » Si vous croyez pouvoir empêcher Karima de faire quoi que ce soit, vous allez être déçu·e : « J’ai aimé la France, je suis venue en France, personne ne pouvait m’en empêcher, parce que je suis une femme ! Personne ne peut me faire rompre ma parole. » Et à ceux qui lui reprochent de dire ce qu’elle pense, elle déclare : « ce n’est pas que j’ai un caractère sévère, c’est que je n’aime pas l’injustice. »

Karima lutte contre l’hypocrisie qui fait qu’on impose le voile à son épouse tout en allant draguer d’autres femmes. Elle s’indigne aussi de voir que tant d’hommes brisent des femmes. Et elle interroge notre représentation du monde : « Le Coran dit que la femme est née de la moitié d’un homme, mais c’est un homme qui a dit ça ! Pas Dieu ! »

Dans sa famille, dans sa vie, elle veut quelque chose de différent. Par exemple, elle veut qu’Omar, son fils, grandisse d’égal à égal avec les filles. Et que les choses, au sein du foyer, soient claires : « chez moi, hors de question que les femmes mangent après les hommes ! Je ne suis pas d’accord ! » Elle sait qu’il faut se battre car comme elle le dit, « les femmes n’ont jamais vraiment eu leur place. » Et de rappeler le courage et la détermination des femmes qui l’inspirent : « en Algérie, on fait le huit mars comme ici en France, on a des femmes combattantes, elles luttent et veulent avoir des droits. » Karima désire qu’on gagne encore en solidarité. Parce que « toutes les femmes veulent la même chose : avoir des droits et être libres », et que « si les femmes sont unies, personne ne peut détruire une femme. »

Aujourd’hui, Karima rêve d’une chose : avoir ses papiers, pour pouvoir travailler dans la restauration. Elle était coiffeuse, mais reconnaît avec fierté : « La cuisine, c’est un don que j’ai. »

Kabylie


Hawa

Militante pour les droits des femmes

Hawa est née au Mali et a grandi dans une grande famille sarakolé : sa mère a eu onze enfants, dont elle est la dernière fille. Elle-même a aujourd’hui une fille de quatorze mois : Fatima. Hawa lui a donné naissance en France, où elle vit depuis six ans. Depuis, son rêve, c’est de protéger sa fille Fatima, de lui donner ce qu’elle n’a pas pu avoir.

Comme beaucoup de femmes du Mali, Hawa a été excisée. Pendant des années, c’était juste « comme ça », quelque chose qu’elle n’interrogeait pas. Mais quand Hawa est arrivée enFrance, elle a découvert ce que ça signifiait, et que les femmes n’avaient pas à subir ça. Elle a pu discuter avec d’autres femmes, mais a aussi connu la honte d’aller chez le gynécologue et de devoir dire, avant qu’on ne le découvre et qu’elle ne doive une fois de plus affronter ce regard, qu’elle était excisée. Hawa sait aussi qu’il suffit de dire « on m’a cousu »,pour que les femmes ne lui posent pas trop de questions sur son accouchement.

Hawa voulait venir en France depuis longtemps, car ses frères et sœurs y habitaient ; elle les enviait, avec leurs vêtements et leurs trains de vie. Elle aussi voulait porter des jeans, « des habits de Blancs ». Maintenant, elle sait également que laFrance la protège sur ces sujets si importants pour elle. Qu’on ne l’obligera pas à exciser sa fille, et même qu’on l’aidera à la protéger. « J’ai compris en venant en France toutes les conséquences de l’excision, je veux que ma fille soit protégée coûte que coûte. Je veux que ma fille connaisse mon pays, nos traditions, mais pas qu’elle vive ces traumatismes. Ce mot, "non", ça n’existe pas chez nous. C’est une obligation. La décision ne t’appartient pas. »

Hawa tient à dire à quel point elle aime son pays et ses coutumes. L’excision a été « mélangée à la coutume et à la religion, et ça, il faut arrêter. » Mais il y a aussi de très belles traditions qui lui manquent : vivre en famille, être aidée par sa mère, porter les vêtements traditionnels, se guérir avec des méthodes naturelles. Hawa voudrait que sa fille Fatima connaisse ça, mais aussi qu’elle aille « loin dans les études, qu’elle étudie la médecine et devienne une grande gynécologue pour retourner expliquer leur corps aux femmes là-bas, au Mali. »

Hawa fera absolument tout pour protéger Fatima, pour lui permettre de connaître des libertés comme celle de sortir ou de choisir elle-même la personne avec qui elle voudra se marier, quelle que soit son origine. Car la lutte contre les mariages forcés, c’est aussi un combat d’Hawa : les femmes devraient pouvoir choisir la personne qu’elles aiment. Et puis que les petites filles ne passent pas tout leur temps à enchaîner l’école, la lessive et le ménage. En fait, Hawa, il y a plein de choses qu’elle compte changer. Et son pays lui manque.

Mali - France


Ana : Passionnée de lecture et d’écriture

Chérif : Révoltée par la violence

Oumou : Veut s’occuper d’enfants

Chérif vient de Côte d’Ivoire, Ana et Oumou de Guinée-Conakry. Elles arrivent ensemble au rendez-vous, passant du malinké au français. Quand on commence à parler de la condition des femmes, les trois femmes tombent immédiatement d’accord : « nous les femmes on n’a pas de droits en Afrique, ce sont les hommes qui ont tous les droits, même celui de nous frapper. On doit essayer de s’imposer. Pourquoi ? Parce que les femmes sont traitées comme des esclaves. » Elles décrivent un quotidien éreintant pour les femmes, en charge de tout : le ménage, le marché, la nourriture…

PourAna, Chérif et Oumou, l’urgence, c’est de lutter contre les violences faites aux femmes. Car souvent ces dernières ne bénéficient d’aucun soutien, même au sein de leur famille. À une femme qui dénonce des violences conjugales, on répond que « c’est une histoire entre mari et femme », et on ne s’en mêle pas. C’est aux femmes de tout supporter.

Il y a aussi la question des viols conjugaux, malheureusement extrêmement courante : « si on dit non à un rapport sexuel, les hommes nous frappent. » Le problème est d’autant plus grave que les femmes sont mariées de force très jeunes, comme Oumou qui n’avait que quatorze ans, et qui a eu son premier enfant à seize ans. Chérif, Ana et Oumou sont toutes convaincues qu’il faut protéger les enfants des mariages forcés, mais aussi de l’excision qui transforme toute vie sexuelle en douleur interminable. Solidaires, elles n’oublient pas de mentionner les femmes enceintes, auxquelles il faut offrir un suivi gynécologique sérieux : trop de femmes en Afrique meurent lorsqu’elles sont enceintes ou accouchent, faute de soin.

Comme souvent, arrive la question de l’éducation, qui est fondatrice et permettrait peut-être aux femmes de s’émanciper. Le plus gros frein à cette éducation, c’est que la majorité des gens semblent penser « que les femmes qui vont à l’école deviennent délicates et ne respectent plus les hommes. » Ainsi ni Oumou, ni Chérif, ni Ana ne sont allées à l’école. Leur éducation, leur prise de conscience de la condition des femmes, elles les ont faites seules.

Elles espèrent maintenant un avenir plus clément. Ana dit : « Je veux un boulot et un bon mari ». À la question « qu’est-ce qu’un bon mari ? », elle répond : « un bon mari, c’est celui qui va être gentil avec moi et ne maltraite pas. »

Toutes espèrent que les choses changeront. Mais pour être honnêtes, elles ne sont pas sûres que cela arrivera. Alors, en attendant que ça change, comme dit Sherif : « Nous on est venues ici pour trouver tout ça. »

France

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